Olivier Faure, dans une tribune initialement publiée dans « Le Monde », appelle l’Union européenne à une politique de relance afin d’éviter que la crise du coronavirus ne se transforme en une crise économique et une grave récession.
Derrière la crise sanitaire, c’est une crise économique qui se dessine. Les comparaisons fleurissent déjà, d’une dépression comparable à celle qui suivit la débâcle des « subprimes ». Serait-il indécent de s’en préoccuper au moment où la contagion place des milliers de patients entre la vie et la mort à travers le monde? Absurde. Il ne s’agit pas d’opposer le sauvetage de vies humaines à la « santé » de l’économie.
Ici, nul arbitrage à rendre ou dilemme à dépasser. Ce que les crises petites et grandes nous ont enseigné, c’est que les premières victimes d’une récession sont toujours les mêmes – les travailleurs précaires, les salariés de secteurs sinistrés, les petites entreprises, les indépendants… Il s’agit ni plus ni moins de protéger les plus fragiles et notre société d’une double peine : sanitaire puis économique donc sociale.
Les victimes économiques potentielles du Coronavirus sont aussi invisibles que déjà désignées. Les métiers de l’évènementiel, des loisirs, du tourisme, sont les premiers touchés, mais très vite d’autres cohortes s’ajouteront, victimes de la baisse de la demande ou de l’approvisionnement, conséquence de la division internationale du travail. Les effets de l’effondrement du cours du pétrole ne sont pas encore mesurés.
Il est urgent d’éviter une récession
Si nous n’anticipons pas la crise, si nous n’en pensons pas les effets au-delà des entreprises grandes et moyennes, celles qui sont dans les radars de Bercy, il y aura beaucoup de casse. Si les marchés financiers se sont très vite rétablis après 2008, l’économie réelle elle n’a pas eu cette résilience. Il aura fallu dix longues années – et combien de vies broyées en silence - pour simplement revenir au taux de chômage d’avant-crise ! Une nouvelle décennie perdue serait catastrophique.